Disclaimer
Etant donné le contexte actuel, la progression exponentielle de la pandémie et l’ambiance particulière qui règne autour de cet évènement exceptionnel, une foule de publications tant scientifiques (1378 depuis le début de l’épidémie) que sur les réseaux sociaux sont publiées chaque jour. Il y a, en plus, un énorme « bruit de fond » sur les réseaux sociaux : chacun y va de son case-report, de son commentaire, de sa source plus ou moins sérieuse sur tel ou tel sujet.
Le but de cette synthèse spéciale Coronavirus n’est pas de rajouter au bruit de fond, mais plutôt de compiler les principales informations connues concernant la Covid-19 ainsi que les sources fiables et pertinentes qui peuvent servir pour mieux saisir la globalité du problème et mieux appréhender la situation actuelle. Je me suis, pour cela, basé sur le travail de ourworldindata.org, que j’ai traduit, complété et adapté.
N’oublions pas que la plupart des questions que vous vous posez n’auront certainement pas de réponse. Beaucoup de recherches sont en cours et cela prend du temps. Cet article se veut évolutif. Je le mettrai donc à jour en fonction des nouvelles publications qui arrivent chaque jour.
Il ne saurait cependant remplacer les informations officielles communiquées par votre gouvernement. En Belgique, il s’agit des sites info-coronavirus et du Sciensano.
Vous pouvez également suivre en quasi temps réel la situation dans le monde sur la Carte de Johns Hopkins University of Medicine.
Quelle est l’origine de la pandémie ?
Le 29 décembre 2019, les autorités chinoises identifiaient une épidémie de pneumonies d’allure virale d’étiologie inconnue dans la ville de Wuhan en Chine. Wuhan est une ville de 11 millions d’habitants et est la capitale de la province du Hubei.
Il a rapidement été établi que ces cas de pneumonie étaient causés par un nouveau coronavirus, qui a ensuite été nommé SARS-CoV-2, provoquant la Covid-19 (pour CoronaVIrus Disease).
Les premiers cas de Covid-19 en dehors de la Chine ont été identifiés le 13 janvier en Thaïlande (Bulletin de l’OMS) et le 16 janvier au Japon (Bulletin de l’OMS).
Le 23 janvier, la ville de Wuhan et d’autres villes de la région sont placées en quarantaine par le gouvernement chinois afin d’essayer de contenir l’épidémie.
Très rapidement, la transmission inter-humaine de ce nouveau coronavirus a donc pu être confirmée. Depuis lors, le virus s’est répandu dans de nombreux autres pays (188 pays et territoires à l’heure d’écrire ces lignes), des cas ayant été signalés dans toutes les régions du monde. L’Italie, la Suisse, la France ou encore l’Allemagne connaissent une situation de transmission soutenue du virus sur leur territoire. L’Italie, en première ligne, a pris des mesures inédites en Europe, en plaçant la totalité de ses citoyens (depuis le lundi 9 mars au soir) sous le coup de mesures de confinement.
Le 11 mars 2020, l’OMS qualifie de pandémie la Covid-19. C’est la première fois qu’un coronavirus provoque une pandémie de cette ampleur.
Une chronologie plus complète du début de l’épidémie a été réalisée dans un article du journal Sciences & Avenir.
Au début de la propagation de l’épidémie en Europe (le 3 mars 2020), j’avais fait un Thread reprenant quelques informations essentielles sur l’épidémie. Vous pouvez le retrouver ici :
Plusieurs connaissances m’ayant posé des questions sur l’actuel #coronavirus #SARSCoV2 #Covid19, petit thread en passant pour centraliser rapidement ce que l’on sait et les sites d’informations officiels sur lesquels vous renseigner🔽
— Cyril Nijs – Diacys (@cyrilnijs) March 2, 2020
C’est quoi un « coronavirus » ?
Les coronavirus sont un groupe de virus qui sont communs chez l’homme et qui sont responsables d’un grand nombre des rhumes courants. Ils sont entourés d’une capsule de protéines en forme de couronne au microscope électronique, ce qui leur vaut leur nom. La famille des coronavirus susceptibles d’infecter les humains comptait jusqu’à présent 6 membres, 4 donnant des infections respiratoires généralement bénignes du type rhume et deux provoquant des pneumonies et ayant une origine animale (zoonose). Deux épidémies majeures de nouvelles maladies dans l’histoire récente ont été causées par ces deux coronavirus : le SRAS en 2003 qui a causé 774 décès et le MERS en 2012 qui a entraîné 567 décès (selon les comptes de l’INSERM).
Si des chercheurs chinois soupçonnent le pangolin, petit mammifère menacé d’extinction, d’avoir facilité la transmission du Covid-19 aux humains, on ignore encore précisément l’origine du SARS-CoV-2.
Pour plus d’infos sur les coronavirus, je vous invite à lire le chapitre “Comprendre les coronavirus” de l’article de l’Inserm que vous retrouverez ici.
La contagiosité du virus
Les estimations épidémiologiques donnent un taux de reproduction de base (R0) du nouveau coronavirus entre 2 et 3. Autrement dit, une personne infectée par le SARS-CoV-2 tend à en infecter à son tour 2 ou 3 autres. C’est plus que la grippe saisonnière, dont le R0 se situe autour de 1,5, mais largement moins que la rougeole (plus de 12), par exemple.
NB : Pour être complet, L’OMS estime que le R0 est compris entre 1,4 et 2,5, quand la majorité des publications scientifiques donne une valeur de 2,6 en moyenne.
La bonne nouvelle, c’est que ce chiffre dépend aussi de l’environnement du virus, il ne s’agit pas d’une caractéristique propre à ce dernier. Ainsi, avec ses mesures draconiennes (confinement, distanciation sociale), la Chine a réussi à faire descendre le R0 bien en-dessous de 1, le seuil critique pour enrayer l’épidémie.
Le mode de contagion est le même pour le nouveau coronavirus que pour la grippe : par contact et gouttelettes (éternuements et postillons), essentiellement. Cela implique que se tenir à 1 mètre ou plus d’une personne infectée suffit normalement à se protéger de l’essentiel des cas de transmission. Sauf à se faire tousser en pleine figure, on ne peut donc pas être contaminé en respirant dans la rue (à condition qu’elle ne soit pas bondée) : les gouttelettes d’eau porteuses du virus sont trop peu nombreuses car diluées dans l’air, et surtout elles retombent rapidement au sol. Ces projections peuvent vous contaminer si vous les inhalez directement, mais aussi si vous touchez un objet ou une surface qui a été en contact avec elles, puis que vous portez vos mains à vos yeux, votre nez ou votre bouche.
Cependant, une étude parue le 17 mars dans le NEJM, a remis en question ces affirmations en ayant précisé la durée (maximale) de persistance, à température ambiante, du virus sur différentes surfaces. Le virus peut y rester présent et actif quelques heures ou plus, à l’instar des autres coronavirus :
- trois heures dans l’air après une aérosolisation (éternuement),
- un jour sur du carton,
- deux ou trois jours sur de l’inox ou du plastique.
Néanmoins, ces tests ont été effectués dans des conditions très particulières dans des laboratoires et sont donc difficilement applicables dans la vie quotidienne. Il semble pour le moment assez clair qu’en dehors des espaces confinés, la contamination par inhalation est nettement plus rare que celle par contact.
De plus, le risque effectif de transmission via ces surfaces inertes n’est pas connu, et reste proportionnel à la quantité de virus émise. La quantité absolue de virus présente sur ces surfaces diminue grandement avec le temps. Le risque de contamination n’est donc pas le même quand le contact a lieu après quelques minutes ou quelques heures. A l’hôpital, où les patients sont très contagieux, cela justifie l’emploi de mesures de protection importantes. Dans la vie de tous les jours, la meilleure solution reste de se laver les mains régulièrement et de ne pas trop toucher son visage. D’autres mesures seront discutées plus loin dans l’article. Cela d’autant plus que les personnes en incubation et les personnes asymptomatiques semblent également être contagieuses (2-3 jours avant l’apparition des symptômes). Ils seraient même responsables de la majorité des infections.
Les symptômes provoqués par la Covid-19
COVID-19 entraîne un nombre non négligeable de symptômes différents, certains étant plus fréquents que d’autres au vu des données dont nous disposons actuellement.
Les longues listes de symptômes tels qu’énumérés par de nombreux médias n’ont que peu d’intérêts si elles ne sont pas accompagnées d’informations sur l’aspect commun ou rare de leur présentation. C’est pourtant un point important à connaitre pour pouvoir différencier une infection à Covid-19 d’autres maladies pour lesquelles les symptômes sont assez peu spécifiques et qui lui ressemblent donc fortement. Cela ne facilite pas la tâche.
Quels sont les symptômes et leur fréquence d’apparition dans la Covid-19 ?
L’OMS a décrit les symptômes de 55 924 cas de COVID-19 confirmés en laboratoire en Chine au cours de la période allant jusqu’au 20 février 2020. Le tableau ci-dessous compile ces données.
Comme le montre ce graphe, deux symptômes reviennent chez une majorité des cas : près de 90% des patients atteints avaient de la fièvre et deux tiers une toux sèche.
Le troisième symptôme le plus courant était la fatigue. Près de 40 % des cas en souffraient.
Une personne sur trois présentait des expéctorations.
Sur les 55 924 cas, moins d’une personne sur cinq (18,6 %) a souffert d’essoufflement (“dyspnée”). Une étude antérieure a indiqué qu’une part beaucoup plus importante (55 %) des cas souffrait de dyspnée, mais elle était basée sur un nombre beaucoup plus faible de cas (835 patients) et n’était donc pas très représentative.
Le 20 mars 2020, le Pr. Jerome Salomon, directeur de la Santé en France, confirme dans son bilan les observations des médecins iraniens et allemands et indique que les ORL ont observé ces derniers jours « une recrudescence des cas d’anosmie ». Il s’agit d’une « disparition brutale » de l’odorat, mais sans nez bouché, et parfois accompagnée d’une disparition du goût (agueusie). En cas d’anosmie, « il faut appeler son médecin traitant et éviter toute automédication sans avis spécialisé », a souligné Jérôme Salomon. Ce symptôme resterait cependant « assez rare » et « généralement » observé chez de jeunes patients, ayant des formes « peu sévères » de la maladie. Ces observations ont également pu être faites en Belgique. Plus d’informations sur ces symptômes connus des infections virales ici.
Comme vous l’aurez remarqué, un grand nombre des symptômes les plus courants (pour ne pas dire tous) sont partagés avec ceux de la grippe ou du simple rhume. Pour pouvoir les différencier plus facilement, comme je le disais plus haut, il est donc également bon de savoir quels symptômes courants de la grippe ou du rhume ne sont pas des symptômes de la Covid-19. Cette dernière semble, par exemple, rarement provoquer un écoulement nasal.
Il est difficile d’estimer le nombre de cas asymptomatiques. Les chiffres dans la littérature varient entre 50 et 90% des cas, qui ne présenteraient donc pas de symptômes malgré une infection. Cela constitue un défi majeur dans la lutte contre la propagation du virus, comme nous le verrons plus loin.

La sévérité des symptômes de la Covid-19
Ce deuxième tableau illustre la gravité des symptômes dont souffraient 44 415 patients chinois chez qui la présence de coronavirus a été confirmée, jusqu’au 11 février (article du CDC Chinois).
On peut facilement imaginer que beaucoup d’autres cas étaient tellement bénins voir asymptomatiques qu’ils n’ont pas été identifiés comme des Covid-19. A ce sujet, les estimations publiées par Read et al. (2020) suggèrent que seuls 5 % environ des cas en Chine ont été diagnostiqués et enregistrés.
Les symptômes ont été classés comme étant légers, graves ou critiques et l’article de recherche les décrit comme suit :
- Cas critiques : Les cas critiques comprennent les patients qui ont souffert d’une insuffisance respiratoire, d’un choc septique et/ou d’un dysfonctionnement ou d’une défaillance de plusieurs organes.
- Les cas graves : Cela inclut les patients qui ont souffert d’essoufflement, de fréquence respiratoire ≥ 30/minute, de saturation en oxygène dans le sang ≤93%, d’un rapport PaO2/FiO2 <300, et/ou d’infiltrations pulmonaires >50% dans les 24-48 heures.
- Cas légers : La majorité (81 %) de ces cas de maladies à coronavirus étaient des cas bénins. Les cas légers comprennent tous les patients sans pneumonie ou les cas de pneumonie légère.

Quelle est la période d’incubation de la maladie ?
L’OMS écrit que “les personnes atteintes de Covid-19 développent généralement des signes et des symptômes, y compris des symptômes respiratoires légers et de la fièvre, en moyenne 5 à 6 jours après l’infection” (Rapport du 16-24 février 2020). Néanmoins, elle ajoute que la période d’incubation peut varier dans une large fourchette de 1 à 14 jours.
Ce chiffre est basé sur les 55 924 cas confirmés en Chine. Des cas isolés avec des périodes d’incubation plus longues sont signalés dans les médias (un cas de 27 jours est signalé ici) mais restent exceptionnels et peu rapportés dans la littérature scientifique.
Les premières études ont également montré qu’il s’écoulait en moyenne une semaine entre l’apparition des premiers symptômes et l’admission à l’hôpital à la phase d’état de la maladie.
Quelle est la durée de l’infection à Covid-19 ?
L’OMS indique que “le délai médian entre l’apparition et la guérison clinique des cas légers est d’environ deux semaines“. Là encore, ces données s’appuient sur les 55 924 cas confirmés en Chine.
Pour les cas graves et critiques, elle est de 3 à 6 semaines selon la même étude.
Et pour les personnes qui sont décédées de l’infection, le délai entre l’apparition des symptômes et la mort varie de 2 à 8 semaines. Ce point est important pour l’interprétation du taux de létalité (CFR, on reparlera plus bas). Les mesures de la CFR d’une épidémie en cours n’incluent (évidemment) pas les décès des patients qui finiront par mourir, mais qui ne sont pas encore morts au moment de la mesure. Ce qui peut rendre son estimation relativement compliquée.
Comment progresse l’infection ?
Les symptômes de la maladie se développent et se modifie avec le temps. Il semble cependant fréquent que les symptômes commencent par une fièvre, avec ou sans asthénie et douleur/gêne thoracique, suivie d’une toux sèche.
Après plusieurs jours (5 à 7 en général), certains patients ressentent un essoufflement (dyspnée).
Les symptômes peuvent également s’aggraver. Dans les cas sévères et critiques, ils peuvent conduire à une pneumonie grave, à une insuffisance respiratoire, à un choc septique et à un dysfonctionnement ou une défaillance de plusieurs organes.
Dans les cas les plus sévères, l’infection à Covid-19 entraîne la mort de la personne atteinte.
Que savons-nous sur le risque de mourir de la Covid-19 ?
A l’heure d’écrire ces lignes, les chercheurs ne connaissent pas avec exactitude le taux de mortalité du virus. Nous devons donc nous appuyer sur un certain nombre de mesures qui nous permettent d’avoir un aperçu du risque de mortalité. Toutefois, pour que ces mesures aient un sens, il faut comprendre leurs définitions et les défis que pose leur mesure.
La définition du taux de létalité (CFR)
La plupart des discussions actuelles sur le risque de mortalité de la Covid-19 portent sur le taux de létalité (CFR). C’est la mesure sur laquelle je vais me concentrer, mais il est essentiel de comprendre les mises en garde concernant ces données et la manière dont elles diffèrent des autres mesures.
Le taux de létalité est calculé en divisant le nombre total de décès dus à une maladie par le nombre de cas confirmés de la maladie. Il est exprimé en pourcentage et utilisé comme mesure de la gravité de la maladie.

Mesurer et interpréter le taux de létalité
Malheureusement, il est courant de présenter le CFR comme une valeur unique. Mais le CRF n’est pas une constante biologique. Le CRF n’est pas une valeur liée à une maladie donnée, elle reflète plutôt la gravité de la maladie dans un contexte particulier, à un moment donné et dans une population donnée. Cela signifie que le CFR peut diminuer ou augmenter au fil du temps, et qu’elle peut varier en fonction du lieu et des caractéristiques de la population infectée (âge, sexe, conditions préexistantes).
Le CRF de la Covid-19 n’échappe pas à la règle et diffère selon le lieu, le moment et la population concernée par l’épidémie. Dans le graphique ci-dessous, nous voyons que le taux de létalité de Covid-19 n’est pas constant. Ce graphique a été publié dans le rapport de la mission conjointe OMS-Chine sur les maladies à coronavirus 2019 (Covid-19), en février 2020.
Les valeurs obtenues du CFR se rapportent ici à plusieurs endroits en Chine au cours des premières phases de l’épidémie, du début janvier 2020 au 20 février 2020. Nous voyons que dans les premiers stades de l’épidémie, le CFR était beaucoup plus élevé : 17,3 % dans l’ensemble de la Chine (en jaune) et plus de 20 % au centre de l’épidémie, à Wuhan (en bleu). Dans les semaines qui ont suivi, le CRF a diminué. L’OMS rapporte que “le niveau de soins a évolué au cours de l’épidémie”. Il est ainsi tombée à 0,7 % pour les patients dont les symptômes sont apparus après le 1er février !
Ce qui est vrai à propos du CRF en général est donc vrai pour le CRF de Covid-19. Dans le cadre de la pandémie en cours, cela signifie qu’il est encore trop tôt pour fournir une valeur exacte du CFR.

Une autre chose à prendre en compte également, c’est que le nombre total réel de cas est probablement plus élevé que le nombre de cas confirmés, qui n’est que la pointe de l’iceberg. De nombreux cas d’une maladie ne sont en effet jamais diagnostiqués. Cela peut être dû au fait que les cas présentant des symptômes légers ne sont souvent pas testés (81% des 44 415 cas chinois étudiés en février ne présentaient que des symptômes bénins) ou que toutes les personnes malades ne se rendent pas dans un hôpital où de tels cas pourraient être diagnostiqués, ou encore parce que les installations de test sont limitées.
Or, pour calculer la probabilité réelle de mourir d’une maladie, il faudrait connaître deux paramètres : le nombre de décès liés à la maladie et le nombre total réel de cas. Cela signifie que s’il y a des cas qui ne sont pas diagnostiqués – par exemple parce qu’ils sont bénins ou asymptomatiques – alors le CFR ne fournit pas une bonne mesure de la probabilité de mourir de la maladie. S’il y a un grand nombre de cas non diagnostiqués, nous surestimerions la probabilité de mourir de cette maladie. C’est ce que l’on peut à priori observer dans l’épidémie actuelle.
Nous devons donc être prudents dans l’interprétation du taux de létalité pendant une épidémie, parce que l’issue (guérison ou décès) d’un grand nombre de cas est encore inconnue. En revanche, une fois qu’une épidémie est terminée, nous pouvons nous appuyer sur les statistiques globales des cas et des décès pour calculer le taux de létalité.
Si nous calculons aujourd’hui le CFR de la maladie à coronavirus sur la base du nombre de personnes qui en sont mortes et du nombre de personnes chez qui le virus a été diagnostiqué, nous regrouperons des personnes à différents stades de développement de la maladie. Certaines personnes peuvent se trouver au début de la maladie, d’autres vers la fin. Or, comme expliqué ci-dessus, dans le cas de la Covid-19, le délai entre l’apparition des symptômes et la mort varie de 2 à 8 semaines. Bien qu’ils puissent maintenant être comptés comme des cas confirmés, ceux qui vont mourir ne seront pas encore inclus dans le décompte actuel du nombre de décès. Cela signifie que nous sous-estimerions le taux de létalité éventuel de la population infectée. C’est ce qui s’est passé lors de l’épidémie de SRAS-CoV en 2003 : le taux de mortalité était initialement de 3 à 5% au début de l’épidémie, mais il est passé à environ 10% à la fin (plus d’informations ici et ici).
Cela a eu deux mauvaises conséquences pour les réponses face à l’épidémie : Les faibles chiffres publiés au départ ont entraîné une sous-estimation de la gravité de l’épidémie. Et la montée en puissance du CFR au fil du temps a donné la fausse impression que le SRAS devenait de plus en plus meurtrier.
Les premiers tests sérologiques, qui permettent d’évaluer le nombre d’infections dans un échantillon représentatif de la population, commencent à être disponible. Ils permettront de préciser le taux de létalité réel dans les semaines ou mois à venir.
Taux mondial de létalité de la Covid-19
Sur la base de la discussion sur la définition du taux de létalité (CFR), je rappelle encore qu’il n’existe pas de chiffre unique de CFR pour une maladie particulière. Le taux de létalité varie en fonction du lieu et évolue généralement dans le temps. Cependant, avec une bonne compréhension de la mesure et de ses limites, le CFR est utile pour comprendre ce que nous savons actuellement sur la gravité de la maladie et pour y répondre en conséquence.
Pour la période allant jusqu’au 15 mars 2020 inclus, les taux de létalité globaux pour la COVID-19 sont les suivants
- Taux de létalité mondial = 3,7 %.
[sur la base de 153 523 cas confirmés et de 5736 décès] - Taux de létalité en Chine : 3,9%.
[sur la base de 81 038 cas confirmés et 3204 décès] - Taux de létalité pour le reste du monde : 3,5%.
[sur la base de 72 475 cas confirmés et de 2532 décès]
Comme expliqué ci-dessus, ce numéro a changé et continuera à changer. Il est actuellement plus élevé que les estimations d’un CFR d’environ 2 % qui ont été publiées jusqu’au début du mois de février.
Mais, comme je l’ai expliqué, cela ne représente pas nécessairement une aggravation de la situation : de la même manière que lors de l’épidémie de SRAS, le CFR peut augmenter pendant une épidémie parce que l’issue d’un plus grand nombre de cas est connue. Sans oublier qu’il pourra diminuer dans le futur, lorsque nous aurons plus d’information sur le nombre de cas réels.
Il serait également erroné de supposer que ce CFR serait vrai partout, car il s’agit d’une moyenne mondiale de cas et de décès confirmés. Comme nous l’avons vu dans le graphique précédent, le CFR initial à Wuhan était très élevée ; le grand nombre de décès qui y ont eu lieu au début de la période a un impact sur la moyenne.
D’autres études pour la province du Zhejiang suggèrent que le CFR en Chine, en dehors de Wuhan, était probablement plus faible. La Corée du Sud quant à elle a, actuellement un CFR d’environ 0,7%, largement inférieur aux données Chinoises ou même Italienne (Chouette article d’Andreas Backhaus à ce sujet).
Pour apporter un point de vue plus positif à la situation, la guérison concerne malgré tout la majorité des cas. Selon ce bilan en temps réel réalisé par une équipe américaine à partir des données diffusées par les autorités sanitaires du monde entier, plus de 93 000 patients infectés par la Covid-19 sont désormais hors de danger à l’heure d’écrire ces lignes. La maladie guérit spontanément dans la très grande majorité des cas.
Les décès de Covid-19 dans le monde
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) publie des mises à jour quotidiennes des décès confirmés dus à la Covid-19 dans ses “Situation Reports“. L’ECDC fait de même et publie tous les jours des mises à jour dans ses “Situation update“. Ces données nous permettent donc de suivre l’évolution du nombre de décès dans le temps.
Le taux de croissance des décès de Covid-19
En cas d’épidémie d’une maladie infectieuse, il est important d’étudier non seulement le nombre de décès, mais aussi le taux de croissance auquel le nombre de décès augmente. En effet, même si le nombre actuel de décès est faible par rapport à d’autres maladies, un taux de croissance rapide peut rapidement conduire à des chiffres très élevés. Tant que les décès doublent à un rythme constant, la croissance est exponentielle. Ce qui signifie par exemple que 500 décès passent à plus d’un million de décès après 11 doublement.
Le temps de doublement des décès a changé et il changera encore. Il serait erroné d’extrapoler la croissance actuelle à ce qui pourrait se passer à l’avenir. L’exemple que j’ai pris n’est donc en aucun cas une prévision du nombre de décès auquel nous devrions nous attendre ; cela nous rappelle simplement que la croissance exponentielle conduit très rapidement à des nombres très importants, même en partant d’une base basse.
La moyenne mondiale cache également plus qu’elle ne révèle. Certains pays – comme la Chine et la Corée – ont mis en place des mesures de lutte très importantes et le nombre de nouveaux décès quotidiens confirmés a diminué quand de nombreux autres pays n’ont pas mis en place de mesures comparables et pour lesquels les chiffres augmentent rapidement.
En raison de ces grandes différences entre les pays, il est essentiel d’étudier non seulement la situation mondiale, mais aussi la situation dans chaque pays.
Nombre de décès confirmés par Covid-19 par pays
Dans les graphiques qui suivent, vous pouvez explorer le nombre total de décès et les nouveaux décès quotidiens pour tous les pays où des décès ont été signalés.
Ils sont interactifs : les données sont affichées par défaut comme les chiffres mondiaux, mais peuvent être explorées par pays – en cliquant sur “+ Add country” en haut à droite dans le graphique.
Les données présentées ici sont publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’ECDC et mises à jour quotidiennement.
Le taux de mortalité augmente avec l’âge
L’estimation du taux de létalité au niveau de la population totale est utile pour comprendre la gravité moyenne d’une épidémie, mais ne nous dit pas qui, au sein d’une population, est le plus à risque. Ce point est pourtant crucial pour nous permettre de nous concentrer sur les plus vulnérables et d’améliorer l’allocation des ressources sanitaires à ceux qui en ont le plus besoin.
L’analyse la plus complète à ce jour, publiée le 17 février par les autorités chinoises, puis le 24 février dans la revue médicale américaine Jama, montre ainsi que le taux de mortalité augmente nettement avec l’âge.
Le graphique ci-dessous montre ainsi qu’il existe de très grandes différences de la CFR par groupes d’âges. Sur près de 45.000 cas confirmés, le taux moyen de mortalité est de 2,3 %. Mais aucun décès n’est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2 % ; puis, passe à 0,4 % chez les quadragénaires, 1,3 % chez les 50-59 ans, 3,6 % chez les 60-69 ans et 8 % chez les 70-79 ans. Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8 %. Hors de Chine, on trouve aussi de nombreuses personnes âgées parmi les victimes. Les données italiennes arriveront très prochainement, mais semblent rejoindre ces résultats.

Ce qui interpelle particulièrement, c’est que pour de nombreuses maladies infectieuses, les jeunes enfants sont les plus exposés. C’est le cas du paludisme : la majorité des décès (57% dans le monde) concernent des enfants de moins de cinq ans. Il en va de même pour la plus grande pandémie jamais enregistrée : Lors de la “grippe espagnole” de 1918, ce sont principalement les enfants et les jeunes adultes qui sont morts de la pandémie.
Pour les cas de Covid-19 en Chine, l’inverse semble plutôt se confirmer. Les personnes âgées sont celles qui courent le plus grand risque de mourir si elles sont infectées par ce virus alors que les jeunes semblent plus épargnés par les formes graves de la maladie.
« Il faut regarder s’il n’y a pas une forme de protection croisée du fait de la récente épidémie de coronavirus saisonniers, ceux qui provoquent un simple rhume », observe John M. Nicholls, professeur de pathologie à l’université de Hong Kong. Une deuxième hypothèse est que le système immunitaire des enfants serait conçu « pour ne pas surréagir en présence de nouveaux agents infectieux ».
L’article d’Andreas Backhaus montre par ailleurs qu’un dépistage massif (tel qu’effectué en Corée du Sud) met en évidence que les jeunes sont de grands vecteurs du virus, alors que ce sont les personnes âgées qui sont les plus à risque de développer une forme grave de la maladie. A nouveau, ces données semblent se confirmer en Italie et dans le reste du monde.

Autre caractéristique notable du Covid-19, les hommes sont davantage menacés que les femmes par une issue fatale : alors qu’ils représentent 51,4 % des cas confirmés dans cette étude, ils pèsent pour presque les deux-tiers des décès (63,8 %).
Au 18 mars 2020, le gouvernement français précise que la moitié des lits de réanimation sont occupés par des patients de moins de 60 ans. Les cas graves ne semblent donc pas toucher “que les vieux” comme on a pu le lire et l’entendre au début de l’épidémie.
Taux de létalité de la Covid-19 en fonction des conditions de santé préexistantes
Les premières données en provenance de Chine suggèrent que les personnes présentant des conditions de santé sous-jacentes (des comorbidités) sont plus à risque de développer des formes graves de la maladie. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquerait que les personnes âgées soient plus à risque, puisqu’elles sont les plus susceptibles d’avoir des comorbidités. C’est ce que tente de montrer le graphique suivant dont les données sont une fois de plus basées sur les décès et les cas enregistrés en Chine au cours de la période allant jusqu’au 11 février 2020 (Une fois de plus, ces données semblent se confirmer dans les autres pays touchés par l’épidémie).
10,5 % des personnes diagnostiquées avec la Covid-19 qui avaient déjà une maladie cardiovasculaire sont ainsi décédées des suites du virus. Le diabète (7,3%), les maladies respiratoires chroniques comme l’insuffisance respiratoire, l’asthme ou la BPCO (6,3%), l’hypertension (6%) et le cancer (5,6%) étaient également des facteurs de risque, comme le montre le graphique. L’obésité et le tabac (fumer augmenterait le risque de complication de 50%) sont également des facteurs de risque observés.
En date du 18 mars 2020, nous pouvons dire qu’à priori l’asthme des jeunes n’est pas un facteur de risque. Seul un asthme non contrôlé ou un asthme qui s’est transformé en broncho-pneumopathie obstructive, surtout chez des personnes âgées, est un facteur de risque.
Le CFR tombe par contre à 0,9 % pour les personnes n’ayant pas de problème de santé préexistant.
Une nouvelle étude en preprint mise en ligne sur le site MedRxiv met en lumière un nouveau paramètre : le groupe sanguin. Avec ses collègues des hôpitaux de Wuhan et de Shenzhen, Wang Xinghuan a examiné le cas de 2.173 patients porteurs du SARS-CoV-2 et calculé que les personnes de groupe sanguin A présentent un taux de mortalité supérieur de 20 % à celui des autres groupes. À l’inverse, les patients de groupe O ont un taux de mortalité inférieur de 33 %. Même en prenant en compte l’âge et le sexe, ces différences demeurent. D’autres études sont nécessaires afin de pouvoir confirmer ces affirmations. Et même si c’était le cas, ces données sont intéressantes en terme de recherche fondamentale mais n’ont pas réellement d’intérêt clinique. N’imaginez pas que les personnes du groupe O soient immunisées…
Enfin, nous devons garder à l’esprit que la Covid-19 pourrait elle-même constituer une comorbidité et produire des dommages collatéraux 1) en affaiblissant l’état général des malades et 2) parce que, dans l’hypothèse d’un système de soin débordé et dégradé, les patients non infectés, mais souffrant de pathologies aiguës classiques sont susceptibles d’être moins bien pris en charge. Une hypothèse et un risque qui restent néanmoins à évaluer avec précision, au cas par cas et pour chacune des zones géographiques concernées.

La Chine a publié le 9 mars une étude réalisée sur 191 patients hospitalisés :

L’échantillon de malades étudié est trop restreint pour connaître le risque associé à d’autres pathologies plus rares, comme les déficits immunitaires liés à des traitements ou à des maladies. Attention également à ne pas prendre ces chiffres à la lettre, car il y a beaucoup d’incertitude autour d’eux. C’est simplement une indication sur les maladies préexistantes qui nécessitent de se protéger au maximum du virus.
Taux de létalité de la Covid-19 par rapport à d’autres maladies
Une fois encore, j’insiste sur ce que j’ai évoqué plus haut et sur le fait qu’il faille prendre avec beaucoup de précautions le CFR de la pandémie actuelle, qui est toujours en cours.
Néanmoins, et à titre de comparaison, le tableau indique les taux de létalité pour d’autres épidémies. Le CFR du SRAS-CoV et du MERS-CoV était élevé : 10% et 34%, respectivement.
La grippe saisonnière américaine a un taux de létalité d’environ 0,1 % – bien inférieur au CFR actuel pour la Covid-19.

Comment les taux de létalité de la Covid-19 se comparent-ils à ceux de la grippe saisonnière ?
La réponse à cette question se trouve dans le graphique ci-dessous. On compare le CFR pendant l’épidémie de Covid-19 en Chine avec le CFR de la grippe saisonnière américaine en 2018-19. Le taux de létalité de la grippe saisonnière aux États-Unis est d’environ 0,1 à 0,2 %, tandis que le taux de létalité de la Covid-19, mesuré dans l’étude citée, était de 2,3 %.
Les données américaines proviennent du CDC américain. Vous pouvez trouver les données relatives aux cas, visites médicales et décès signalés par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies ici.
Les taux de mortalité pour Covid-19 sont à nouveau basés sur les chiffres communiqués par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies et se réfèrent, comme auparavant, aux décès enregistrés et aux cas confirmés en Chine au 11 février 2020.
Comme calculé plus haut, le taux de mortalité global pour Covid-19 continue d’évoluer dans le temps, et le taux de mortalité global moyen basé sur les données de l’OMS est de 3,7 % (au 15 mars 2020).
Bien que le taux de mortalité pour Covid-19 soit beaucoup plus élevé que celui de la grippe saisonnière, les deux maladies ont un profil similaire en ce qui concerne le taux de mortalité par âge : les populations âgées ont des taux de mortalité plus élevés. Cependant, le taux de mortalité de la Covid-19 est beaucoup plus élevé pour toutes les tranches d’âge, y compris chez les jeunes.

Les tests de dépistages
Avant de comprendre comment sont effectués les tests, il est important de comprendre pourquoi ces derniers sont nécessaires pour connaître le nombre total de personnes infectées par la Covid-19 en procédant à des tests à grande échelle.
Lorsque le nombre de tests est trop faible, nous n’avons pas une image claire de ce qui se passe, ce qui complique la réflexion sur les mesures à prendre notamment.
Le dépistage est crucial car il permet, lorsqu’il revient positif, de prendre la décision d’isoler la personne infectée afin d’éviter qu’elle n’infecte d’autres personnes ainsi que pour recevoir rapidement les soins dont elle a besoin. Il est également important pour les experts de comprendre la prévalence de la maladie et son évolution pour leur permettre de prendre des décisions et mesures de lutte qui ralentissent la propagation de la maladie, fondées sur des données probantes. L’OMS marquait déjà dans son rapport :
“Development of rapid and accurate point-of-care tests which perform well in field settings are especially useful if the test can be incorporated into presently commercially available multiplex respiratory virus panels. This would markedly improve early detection and isolation of infected patients and, by extension, identification of contacts.”
Ce dernier point est très important : le dépistage est crucial pour faire baisser le taux d’infection. Lorsque les personnes infectées ne savent pas qu’elles sont infectées, elles risquent de ne pas rester chez elles – et donc d’infecter d’autres personne, pour des raisons dont j’ai déjà parlé plus haut (c’est d’ailleurs pour cela que des mesures de confinement à l’échelle nationale ont été prises dans de nombreux pays).
Malheureusement, deux raisons importantes expliquent pourquoi le taux de dépistage est encore faible dans de nombreux pays touchés par la Covid-19 :
- Certaines personnes infectées par la Covid-19 présentent, comme on a pu le voir, des symptômes légers (ou pas de symptômes du tout) et ne vont donc pas se faire dépister.
- Dans de nombreux endroits, la capacité de dépistage de la Covid-19 est faible. Ce deuxième point est cependant amélioré de jour en jour dans les pays concernés.
Comment les tests Covid-19 sont-ils effectués ?
Les tests de diagnostic les plus courants pour Covid-19 sont les “tests PCR” qui utilisent des échantillons prélevés par écouvillonnage au niveau du nez et de la gorge d’un patient. Les premiers tests PCR ont été mis au point dans les deux semaines suivant l’identification de la maladie et font actuellement partie du protocole recommandé par l’OMS.

Vous trouverez ici une vidéo explicative sur le fonctionnement des tests pour les maladies à coronavirus. Une autre vidéo vous explique ici, en français, le principe de fonctionnement d’une analyse par PCR.
Un résultat “faux négatif” peut parfois être obtenu lorsqu’une personne est testée et que l’on constate qu’elle n’est pas atteinte de la maladie, mais que, lors d’un nouveau test, on constate qu’elle en est finalement atteinte. Les directives de l’OMS concernant les tests de laboratoire pour la Covid-19 indiquent que des résultats négatifs “n’excluent pas la possibilité d’une infection par le virus Covid-19”.
Cela signifie que même dans les pays qui ont effectué de nombreux tests, le nombre réel de cas Covid-19 est encore incertain, même si, bien sûr, plus de tests signifie plus de certitude. Il n’y a pas eu beaucoup d’études sur la fréquence des faux négatifs, il est donc difficile de savoir quel impact ils ont sur notre compréhension – mais les recherches se poursuivent.
Pourquoi les tests Covid-19 pourraient-ils échouer ?
- Les personnes infectées peuvent se trouver au stade précoce de la maladie avec une charge virale trop faible pour être détectée.
- Elles peuvent ne présenter aucun symptôme respiratoire majeur, de sorte qu’il pourrait y avoir peu de virus détectable dans la gorge et le nez du patient.
- Il se peut qu’il y ait eu un problème de prélèvement d’échantillons, ce qui signifie qu’il y avait très peu d’échantillons à tester.
- Il peut y avoir eu une mauvaise manipulation et expédition des échantillons et du matériel de test.
- Il peut y avoir eu des problèmes techniques inhérents au test, par exemple une mutation du virus.
L’OMS suggère que ces questions soient prises en compte et que pour certaines personnes, les tests soient effectués plusieurs fois
En raison d’une pénurie mondiale actuelle des réactifs nécessaires à la réalisation de ces tests PCR, de nouvelles méthodes de diagnostics sont à l’étude. C’est par exemple le cas en Belgique, où des chercheurs de l’UNamur annoncent avoir découvert un procédé pouvant se passer de ces réactifs qui posent problème.
Quelles sont les informations dont nous disposons actuellement sur la couverture des tests ?
Idéalement, nous voudrions savoir combien de personnes dans le monde sont testées pour la Covid-19 chaque jour, et comment les tests disponibles sont répartis. Dès le début de l’épidémie, on a pu voir que la quasi totalité des pays a eu du mal à tester un grand nombre de cas, ce qui signifie que toutes les personnes qui auraient dû être testées ne l’ont pas été en réalité. Actuellement, en Belgique, seuls les cas graves sont testés.
Malheureusement, il n’existe pas de base de données centralisée de l’OMS sur les tests Covid-19 et de nombreux pays dans le monde ne publient actuellement pas de rapports officiels sur les tests effectués. Plusieurs pays publient cependant des estimations globales. Ces rapports sont publiés sur des sites web individuels, dans des rapports statistiques et des communiqués de presse. Ci-dessous vous retrouverez les données les plus récentes (en date du 20 mars 2020, 18h00 GMT).
Les données disponibles montrent que la Corée du Sud a effectué beaucoup (vraiment beaucoup) plus de tests que tout autre pays. Cela suggère que le nombre de cas confirmés en Corée est plus proche du nombre total de cas réel que dans les autres pays. Il est donc particulièrement encourageant de constater que le nombre de cas quotidiens confirmés en Corée du Sud a diminué comme vous pourrez le voir dans des graphiques plus bas.
Les États-Unis, en revanche, ont connu de gros problèmes pour mettre en place leur stratégie de dépistage et, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, seuls 13 624 échantillons avaient été testés au 12 mars 2020. Le nombre total de tests effectués en Corée du Sud jusqu’à la même date était près de 18 fois supérieur. La faible couverture des tests aux États-Unis est encore plus frappante si on la compare à la grande population du pays alors qu’on peut par exemple constater que de nombreux petits pays ont pu réaliser plus de tests par million d’habitants.
Le fait que la Corée du Sud ait réussi à étendre les tests aussi rapidement montre que c’est possible. Comme les tests sont essentiels, il est important que d’autres pays suivent dans les jours et semaines à venir. Nous le voyons actuellement avec l’Allemagne.
NB : Une liste des sources des estimations pays par pays, avec les dates exactes et les liens vers la source sous-jacente, est répertoriée ici.
Les cas de Covid-19 dans le monde
Pour comprendre l’ampleur de l’épidémie de Covid-19 et y répondre de manière appropriée, nous voudrions savoir combien de personnes sont infectées par la Covid-19 dans le monde. Nous voudrions donc connaître le nombre total de cas (d’où l’objectif de dépister à grande échelle, comme on l’a vu dans le paragraphe précédent).
Cependant, vous l’aurez compris, le nombre total de cas de Covid-19 n’est pas connu. Les médias prétendent souvent rapporter le “nombre de cas”, ils ne sont en fait pas précis et omettent de dire qu’il s’agit du nombre de cas confirmés dont ils parlent. Le nombre total de cas n’est pas connu, ni par moi, ni par aucune autre institution de recherche, gouvernementale ou rapport.
En revanche, nous connaissons le nombre de cas confirmés. Un cas confirmé est “une personne dont le laboratoire a confirmé l’infection par Covid-19”, comme l’explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils ne représentent donc qu’un sous-ensemble du nombre total de cas.
Les “Situation Reports” de l’OMS et de l’ECDC nous indiquent le nombre de cas confirmés et c’est à partir de ces données que sont réalisés et mis à jour les graphiques présentés ci-dessous, comme pour le nombre de décès.
Il est une fois de plus important d’étudier non seulement le nombre de cas, mais aussi la façon dont ils augmentent au fil du temps. Leur taux de croissance. Et il est exponentiel. Plus le nombre de personnes infectées augmente, plus la hausse est rapide. Le slogan « Restez chez vous ! » prend alors tout son sens. J’en reparlerai dans la stratégie de réponse à l’épidémie. Mais vous pouvez facilement vous en rendre compte dans les graphiques suivants. Ici, vous pouvez également retrouver un superbe article du 3 mars indiquant comment l’épidémie s’est déclarée en Corée du Sud et à quel point la propagation a été rapide.
Certains pays – comme la Chine et la Corée – ont mis en place des mesures de lutte contre l’épidémie extrêmement importantes (dépistage massif et socialdistancing strict) et le nombre de nouveaux cas confirmés quotidiennement a diminué. Ces méthodes semblent donc être la bonne solution pour stopper l’épidémie.
De nombreux autres pays n’ont pas de mesures comparables en place, nous observons donc que les chiffres augmentent rapidement. Cependant, en Europe notamment (qui est devenue le nouveau foyer de l’épidémie), des mesures similaires sont mises en place pour limiter la propagation du virus (comme on peut le voir ici pour la France ou ici en Belgique).
La moyenne mondiale du nombre de nouveaux cas quotidiens cache les différences entre les pays qui parviennent à réduire le nombre de nouveaux cas quotidiens confirmés et ceux qui n’y parviennent pas.
Trajectoires depuis le 100ème cas confirmé
Il est aussi intéressant de se demander si le nombre de cas confirmés a augmenté plus rapidement dans un pays plutôt qu’un autre (et en particulier la Chine).
Les graphiques précédents ne permettent pas d’y répondre, parce que l’épidémie ne s’est pas déclarée au même moment partout. Celui présenté ci-dessous par contre est conçu pour permettre ces comparaisons.
Il permet de comparer la trajectoire des cas confirmés entre les pays, le point de départ pour chaque pays étant le jour où les 100 premiers cas ont été confirmés.
On remarque rapidement que la Chine a connu une hausse particulièrement rapide. Dix jours seulement après le 100ième cas confirmé, le pays a déjà confirmé le 10 000ième cas.
Les autres pays ont connu une augmentation beaucoup plus lente, notamment à Singapour et au Japon dont les courbes sont bien en deçà de celles des autres pays.
Les lignes grises montrent les trajectoires pour divers “temps de doublement”. Ce dernier se situe entre 2 et 3 jours pour la majorité des pays répertoriés.
La trajectoire de la Chine et de la Corée du Sud montre que la vitesse à laquelle les cas augmentent n’est pas nécessairement constante dans le temps. Ces deux pays ont connu une augmentation rapide au départ, mais ont ensuite mis en œuvre des mesures de lutte sévères (voir ici). Comme le montre le graphique, la trajectoire s’est aplatie, signe que la vitesse de propagation de l’épidémie a diminué.
Stratégies de réponse à la pandémie
L’intention d’un endiguement précoce
La mortalité totale d’une épidémie peut être élevée, même si les symptômes sont, pour la grande majorité, bénins. Mais comme nous l’avons vu au début de l’article, les symptômes de la Covid-19 peuvent être très graves dans de nombreux cas. Nombre de ces patients doivent donc être traités dans des unités de soins intensifs (USI). L’OMS rapporte qu’”environ un quart des cas graves et critiques nécessitent une ventilation mécanique”. Il faut également prendre en compte le fait qu’un malade atteint par Covid-19 aux soins intensifs ou en réanimation y reste pour une durée d’environ 3 semaines (contrairement à 3 jours environ pour une grippe). Le risque majeur est celui d’une saturation du système de santé, qui empêcherait de traiter correctement les patients infectés, par manque de lits, de matériel ou de personnel de santé disponible. C’est bien ce qui s’est passé à Wuhan, et ce qui se déroule dans certains hôpitaux italiens (Témoignage ici). Un pic moins élevé de l’épidémie permettrait donc au système de santé de fournir des soins de meilleure qualité à un plus grand nombre de personnes.
Les professionnels de santé passent le maximum de temps possible avec le même équipement de protection jetable, car il n’y en a pas assez. Par conséquent, ils ne peuvent pas quitter les zones contaminées pendant des heures. Quand ils le font, ils s’écroulent, déshydratés et épuisés. Les équipes de rotation n’existent plus. On sort les médecins et soignants en retraite de leur retraite pour renforcer les équipes et répondre à la demande. Des gens qui n’ont aucune idée de ce qu’est un travail d’infirmière sont formées du jour au lendemain pour remplir des rôles essentiels. Tout le monde est de garde, tout le temps, sans interruption.
Sans interruption… jusqu’à ce que les soignants, eux aussi, tombent malades. Ce qui arrive souvent, car ils sont constamment exposés au virus, sans équipement de protection suffisant. Quand ils tombent malades, ils doivent être en quarantaine pendant 14 jours, pendant lesquels ils ne peuvent plus aider. Dans le meilleur des cas, on perd deux semaines d’aide précieuse. Dans le pire des cas, ils en meurent.
Le pire, c’est dans les unités de soins intensifs, où il faudrait que les patients puissent se répartir et partager les respirateurs ou les ECMO. Ceux-ci sont en fait impossibles à partager, et les professionnels de santé doivent donc décider quel patient va pouvoir y avoir accès. En clair, ça veut dire : décider qui va vivre et qui va mourir.

“Flattening the curve” – Aplatir la courbe
C’est pourquoi il est important, en cas d’épidémie, de prendre rapidement des mesures de lutte. Leur but est de réduire le taux d’infection de manière à ce que l’épidémie s’étende dans le temps et que le pic de demande du système de santé soit moins important.
Les mesures de confinement sont destinées à éviter une trajectoire d’épidémie dans laquelle un grand nombre de personnes tombent malades en même temps. C’est ce que montre le graphique.

Une magnifique explication imagée et simplifiée est disponible ici. Le Washington Post y présente dans son édition du 14 mars quatre simulations numériques de propagation dans un exemple où une personne infectée se trouve parmi une population de 200 personnes :
- Dans un premier cas, les personnes circulent librement (“free for all”) : le nombre de malades augmente très rapidement jusqu’à atteindre un pic par rapport aux personnes saines, ce qui va créer la saturation des hôpitaux, puis la population de malades diminue au profit de celle déjà guérie.
- Dans le second cas (“attempted quarantine”), le régime de quarantaine est décrété : il est progressivement assoupli, au fur et à mesure que les guérisons surviennent.
- Dans le troisième cas, seul un quart de la population circule librement (“moderate distancing”).
- Dans le dernier cas seul un huitième de la population circule librement (“extensive distancing”).
Les résultats sont présentés ici.

Ce que ces mesures de lutte contre la pandémie tentent d’éviter, c’est que le nombre de patients à un moment donné soit si important que les systèmes de santé ne parviennent pas à fournir les soins requis pour certains patients (preprint d’une discussion de ce modèle).
Ces mesures et plus encore sont discutés au point 3 de cet article rédigé par Tomas Pueyo. Les enseignements de la pandémie de grippe “espagnole” de 1918 et le risque d’un deuxième pic épidémique plus important que le premier y sont également discutés.
Une potentielle bonne nouvelle au milieu de toutes ces données : Ces derniers jours, les consultations pour symptômes grippaux regrimpent. Ceci pourrait suggérer que la Covid-19 est beaucoup plus répandu qu’on ne l’imaginait, avec deux conséquences, une chute du taux de décès rapporté à l’ensemble des cas, et une augmentation plus rapide de l’immunité de groupe :

Voici également la conclusion d’un article de The Lancet qui commente la mission conjointe de l’OMS sur le Coronavirus en Chine :
“La Chine semble avoir évité un grand nombre de cas et de décès liés au coronavirus, malgré de lourdes conséquences sur l’économie du pays. Dans son rapport sur la mission conjointe, l’OMS recommande aux pays d’activer leurs protocoles de gestion de crise sanitaire au stade le plus élevé, afin de s’assurer de réponses gouvernementales coordonnées et ainsi à même de contenir la propagation du virus. Le succès de la Chine repose en grande partie sur un système administratif efficace qu’elle peut mobiliser en cas de menace, couplé au consentement du peuple chinois à se soumettre à des procédures de santé publique contraignantes. Bien que de nombreux autres États ne disposent pas d’un tel pouvoir de contrôle sur l’économie de leurs pays, les gouvernements peuvent tirer des leçons importantes de l’expérience chinoise. Or, il apparaît que ces leçons n’ont toujours pas été tirées. ”
Traitements et protections contre la maladie
Les mesures de prévention individuelle sont les mêmes que pour toute infection respiratoire, grippe incluse:
- se laver régulièrement les mains,
- éviter les contacts étroits avec les personnes montrant des signes potentiels d’infection,
- éviter de se faire la bise ou de se serrer la main pour se saluer,
- tousser et éternuer dans des mouchoirs à usage unique, ou à défaut dans son coude,
- Le port d’un masque chirurgical n’a jusqu’à présent pas démontré d’efficacité dans la vie quotidienne, bien que largement utilisé en Chine et Corée du Sud. Certains scientifiques plaident pour son utilisation par toute la population. A l’heure actuelle (et en raison de la pénurie observée), il doit être réservé aux personnels soignants ainsi qu’aux malades. L’utilisation de masques « maison » est déconseillée dans un article récent (qui donne néanmoins plusieurs conseils pour adapter les modèles existants). Un autre article du journal « Le Monde » fait également le point. Plusieurs modèles sont actuellement à l’étude et pourraient permettre de limiter la pénurie que l’on connait actuellement.
- Rester chez vous ! Aucun acte ne sera plus collectif que celui de s’isoler
A l’heure d’écrire ces lignes, aucun traitement n’a fait la preuve de son efficacité contre le virus. La prise en charge médicale se contente donc d’atténuer les symptômes en attendant la guérison naturelle de l’infection. L’ensemble des médicaments testés sont repris dans ce document de l’OMS.
Si l’on reste chez soi et que l’on n’a pas pu voir de médecin, le traitement reste symptômatique et comporte le repos et le paracétamol dans certains cas (attention aux doses…). Il ne faut pas utiliser d’anti-inflammatoires comme l’ibuprofène ou l’aspirine à forte dose (Mais n’arrêtez pas un traitement de fond sans en avoir discuter avec votre médecin pour autant ! Une FAQ a été spécialement mise en place pour répondre à certaines de vos questions. Un autre site vous permet de vérifier si un médicament pourrait présenter un risque d’aggraver les symptômes de la Covid-19.
Des traitements anti-rétroviraux comme le remdesivir, le lopinavir et le ritonavir avaient été testés pour traiter les virus du SRAS et du MERS-CoV mais leur efficacité n’a pas été prouvée. Ces deux premiers ont été (re)testés pour traiter la COVID-19.
Une étude in vitro (Manli Wang) a testé 5 médicaments (la ribavirine, le penciclovir, le nitazoxanide, le nafamostat et la chloroquine) et 2 anti-rétroviraux à spectre large (le remdesivir et le favipiravir) sur des cellules (Vero E6) infectées par le 2019-nCoV (ancien nom donné à la Covid-19).
La Chloroquine (médicament anti-paludisme et anti-viral) en particulier fait beaucoup parler d’elle en ce moment. Une publication en preprint du Prof. Raoult en est à l’origine mais reste fort critiquée au niveau national et international par les scientifiques (sur Pubpeer notamment). Aucune conclusion ne peut être tirée des données communiquées dans cette étude, et pour plusieurs raisons. Cet article fait le point.
Des études plus poussées viennent néanmoins d’être autorisées par l’OMS et le gouvernement français, le tout coordonné par l’INSERM, pour tenter de reproduire ces résultats à plus grande échelle et sur une plus grande durée. Une intervention calme et précise a d’ailleurs été faite à ce propos par le ministre de la Santé français, Olivier Véran ce 21 mars 2020 .
En attendant, en l’absence de résultats réellement intéressants et en raison de ses effets indésirables qui peuvent être graves, NE PRENEZ PAS DE CHLOROQUINE SANS AVIS MÉDICAL ! On serait évidemment très content d’avoir un médicament comme l’hydroxychloroquine, peu cher, facile à produire, qui se trouve partout, efficace pour traiter la maladie. Mais annoncer des résultats aussi vite, sans avoir le recul nécessaire, peut créer des effets négatifs pour le grand public : théorie du complot ou usage dangereux du médicament par des personnes qui en disposent à la maison. On observe d’ailleurs depuis quelques jours des ruptures de stock dans certaines pharmacies et une augmentation des hospitalisations pour intoxication à la chloroquine (comme ici au Nigéria).
Dans sa conférence de presse du 18 mers 2020, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a indiqué que l’OMS coordonne une étude internationale (Argentine, Barhein, Espagne, Suisse, Canada, Iran, Afrique du Sud, Thaïlande, France et Norvège) dans laquelle 5 médicaments sont testés sur 3200 patients pour leur efficacité contre la Covid-19. Au vu de la charge de travail élevé du personnel médical, il leur a simplement été demandé de “noter combien de temps les patients sous traitement médicamenteux restent à l’hôpital”. La Chloroquine y sera également testée le plus rapidement possible. Les résultats finaux de l’étude ne devrait pas être disponible avant 4 ou 5 semaines, mais Trump ayant autorisé son utilisation aux USA il est probable que des retours nous parviennent plus tôt.
Enfin, il n’existe actuellement pas de vaccin pour cette maladie, mais des chercheurs du monde entier y travaillent. Les premières injections sur l’homme ont été effectuées aux USA et en Chine par exemple. En France, les scientifiques de l’Institut Pasteur se penchent actuellement sur une première génération de prototypes. Ils espèrent aboutir, d’ici au début de l’automne prochain, à un premier vaccin basé sur celui de la rougeole. Mais créer un vaccin prend du temps, sa sécurité et son efficacité devant être évaluée de manière indépendante. Voici quelques informations sur la recherche d’un vaccin pour la Covid-19 et les défis que cela pose : Nature.
Prenez soin de vous et de vos proches. Restez chez vous.


Résumé des points clés
Qu’est-ce qu’un coronavirus ?
Les coronavirus, littéralement « virus à couronne », sont des virus dotés d’une enveloppe entourant un génome constitué d’un simple brin d’acide ribonucléique (ARN). La famille des coronavirus susceptibles d’infecter les humains comptait jusqu’à présent six membres, quatre donnant des infections respiratoires généralement bénignes du type rhume, et deux provoquant des pneumonies, et ayant une origine animale (on parle de zoonose) : le SRAS-CoV, responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), et le MERS-CoV, à l’origine du syndrome respiratoire du Moyen-Orient. Désormais officiellement nommé SARS-CoV-2, le virus identifié en Chine début décembre 2019 est un nouveau coronavirus. Ces virus respiratoires se développent dans le nez, la gorge et les poumons.
Comment attrape-t-on ce virus ?
Le virus se propage lors d’un contact proche entre deux personnes (typiquement moins d’un mètre) par les voies respiratoires, via des gouttelettes (postillons ou éternuement) ou par contact direct (poignées de main, etc.).
Que sait-on de la contagiosité de ce virus ?
La majorité des études publiées en janvier 2020 montre que le taux de reproduction de base du virus, c’est-à-dire le nombre moyen de personnes qu’un malade va infecter, est d’environ 2,6 (compris entre 1,4 et 4,13).
Comment différencier ce virus d’autres maladies, comme la bronchite ou la grippe saisonnière ?
Il n’est pas possible de différencier la grippe saisonnière du coronavirus sur la simple base de symptômes. Ils ne sont pas spécifiques, puisque dans les deux cas, le malade sera notamment fiévreux et aura des problèmes respiratoires. Seul un test diagnostic permet de distinguer le SARS-CoV-2 d’une grippe hivernale ou d’une bronchite.
Après un prélèvement cellulaire, un laboratoire d’analyse spécialisé permettra, en quelques heures, de vérifier si la souche virale est celle du SARS-CoV-2.
Quelle est la durée d’incubation du SARS-CoV-2 ?
La durée d’incubation moyenne est d’environ 5-6 jours. Des périodes d’incubation allant de 1 à 14 jours ont été rapportées par l’OMS et le CDC américain.
Quelles précautions faut-il prendre individuellement ?
La prévention concernant la Covid-19 ressemble à celle de tous les autres virus habituels : se laver les mains plusieurs fois par jour avec une solution hydroalcoolique ou du savon, éviter de toucher ses yeux, son nez et sa bouche sans s’être lavé les mains, couvrir sa toux avec un tissu jetable, éviter le contact avec les personnes malades, s’isoler au moindre symptôme, etc.
Quelles sont les populations les plus à risque ?
D’après une étude du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (Chinese Center Control and Prevention), publiée le 11 février, les personnes âgées et/ou présentant des comorbidités sont des populations particulièrement exposées. Elles ont un risque accru de développer une forme grave, voire mortelle, du Covid-19.
Que sait-on de la létalité de ce virus ?
Le taux de létalité du virus, c’est-à-dire le rapport entre le nombre de cas détectés et de personnes décédées, est en moyenne de 3,4 %, ce qui est trois fois moins que le SRAS qui sévissait en 2003 (9,6 %). Mais ce taux varie entre les territoires touchés, il est le plus élevé dans la province du Hubei d’où est partie l’épidémie (3,96 %). Il est également élevé en Italie (3,1 %). Au Japon ou en Corée du Sud, qui sont aussi très affectés, le taux de létalité est par contre plus faible ( < 1 %). Il est également probablement surestimé à cause du nombre de personnes atteintes non diagnostiquées (non testées).
Après identification du virus, comment soigne-t-on le patient ?
Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement connu pour être efficace contre ce nouveau virus. Les soins apportés aux malades consistent donc à traiter les symptômes autant que possible, c’est-à-dire faire baisser la fièvre, calmer la toux et les maux de tête, etc.